Le portrait
Le portrait
de la guerre offre un fond sombre que l'on ne sait regarder qu'en ouvrant les
yeux. Il est de jeunesse enviée, portant son âge avec délicatesse et prudence
comme on sait que ceci est fragile. Car le portrait de la guerre est celui des
humains en guerre. Les objets, les animaux ne se font pas la guerre. Ces
humains qui vont s'affronter, par des armes imposées, par des chants choisis,
par des cris avant l'affrontement, sont déjà vaincus. Tous. Le juste comme le
mauvais, ce n'est pas affaire de jugement. Ils sont en dessous de ce qui a été
décidé et vont donner leur corps, c'est-à-dire bien davantage, à la cause. Ils tomberont,
ces corps aux alentours de la vingtaine. Un peu de leur portrait pourra les
prolonger sur de la pierre dressée, un peu de leur trace dans une suite de
prénoms usés, des bleus sur la peau des survivants.
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