Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

jeudi 5 juillet 2018

Ayons bonne mine - 27


"Puits Couriot. La machine d'extraction électrique"

Les fantômes produisent leur propre énergie. C'est mal dit. Les fantômes engendrent l'énergie qui leur est nécessaire. Je sais mal le dire. Les fantômes sont leur énergie. Ne mangent pas, n'ont pas de colère, les fantômes sont l'énergie qui leur est suffisante. Leurs besoins en déplacements, en apparitions ne sont nourris que par eux. Si un fantôme m'est utile, je ne peux pas provoquer sa venue ni aucun des gestes qu'il aurait pour moi. Je ne sais pas quand il sera là, je ne sais pas les gestes qu'il fera, qu'il ne fera pas. Il peut, et c'est déroutant, agir dans un passé différent du mien. Non, je dis encore mal : dans un présent différent du mien, ça n'aide guère. Je me représente alors un fantôme comme un âne dans une noria, tournant aveugle pour puiser l'eau qu'il boira. Quand je serai cet âne, je veux avoir parfois la mémoire d'avant. Ou d'un autre avant, pour qu'il n'y ait pas seulement la soif, pas seulement la ronde, mais fugitivement, modestement, une histoire commune avec ce qui reste, dans le passé qui est un présent. Je le dis mal.



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