Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

mardi 10 juillet 2018

Ayons bonne mine - 31

31 - Puits Couriot - Galerie souterraine


Ancêtre de mes neveux, j'ai pris pour la première fois le métro à Paris, en 72, alors qu'il avait encore des roues de métal, un son correspondant, des poinçonneurs de la chanson et des banquettes en  bois. Je connaissais donc aussi le wagon corail qui dans son luxe nous fit glisser de notre coin presque perdu à la capitale unique au monde. Le luxe en ce métro, c'est dans les voûtes que je le trouvai. Dans les carreaux. Dans les carreaux blancs biseautés et larges. Pas des carreaux carrés. Ça puait, oui, de cette odeur d'usine qu'on trouve aussi chez nous mais pas pareil pourtant, pas une odeur d'huile brûlée, plutôt celle d'une électricité rouillée avec une pointe de marée basse. Passer de la lumière blanche à ces prestes tunnels noirs me plut. Les correspondances me plurent et m'enivrèrent, comme le plan courbé que je touchais par touches pour que s'illumine la guirlande de nos parcours. Je comprenais cette carte, je savais les liaisons, je retenais les noms célèbres et incongrus qui forment ces infinies possibilités, ces voyages, ces pertes, ces taupinières fantastiques.




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