31 - Puits Couriot - Galerie
souterraine
Ancêtre de mes neveux, j'ai
pris pour la première fois le métro à Paris, en 72, alors qu'il avait encore
des roues de métal, un son correspondant, des poinçonneurs de la chanson et des
banquettes en bois. Je connaissais
donc aussi le wagon corail qui dans son luxe nous fit glisser de notre coin
presque perdu à la capitale unique au monde. Le luxe en ce métro, c'est dans
les voûtes que je le trouvai. Dans les carreaux. Dans les carreaux blancs
biseautés et larges. Pas des carreaux carrés. Ça puait, oui, de cette odeur
d'usine qu'on trouve aussi chez nous mais pas pareil pourtant, pas une odeur
d'huile brûlée, plutôt celle d'une électricité rouillée avec une pointe de
marée basse. Passer de la lumière blanche à ces prestes tunnels noirs me plut.
Les correspondances me plurent et m'enivrèrent, comme le plan courbé que je
touchais par touches pour que s'illumine la guirlande de nos parcours. Je
comprenais cette carte, je savais les liaisons, je retenais les noms célèbres
et incongrus qui forment ces infinies possibilités, ces voyages, ces pertes,
ces taupinières fantastiques.
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