Un jardin doit être
pensé comme une architecture vivante. Il a ses temps, ses hiérarchies, ses
symboles aussi, il a d'abord son utilité qui est la nourriture, aussi le jardin
comprend-il ce qui ne se mange pas, les fleurs, une promenade, les apéros avec
les voisins, l'appel des grillons. Les légumes auront des tailles différentes,
il faut en les plantant le savoir, aucune gêne ensuite, les petits pousseront
mais pas à l'ombre des grands, les savoureux auront leur place à côté des
classiques, il faudra admettre la mauvaise herbe dite mauvaise pour nos
estomacs. Bonne parfois pour la fleur d'une minute. Les inattendus viendront, par
le vent, par les oiseaux, par les incidents de notre monde. Nous accepterons de
laisser croître et de cueillir et de savourer ce qui a poussé tordu et trop
petit, trop grand sans tenir compte de la taille du panier ou du plat. L'œil
autant que l'estomac devront s'accorder à cet espace.
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