Un texte sur l'éphémère exposition
à la Maison rouge de Saint Etienne - mars 2015
La ruine
aspire
La ruine aspire à deux
fondamentaux, l'archéologie et la restructuration ; en un mot, mémoire &
devenir. Le devenir est incertain, inachevé. La mémoire est incertaine, malléable
comme une vérité. La ruine s'accordera de mensonges et d'oublis, de pirouettes
et de spectacle ; ce prix pour une nouvelle fonction. La ruine passera par des
étapes, des maquillages, des peaux éphémères, c'est l'effet papillon. Un cocon,
la peau grattée de l'intérieur, des transparences pour des visites, des portes.
L'espace se porte bien.
La ruine s'est renforcée, c'est
la deuxième étape, elle doit rester en place et c'est la première étape, on
bâtit le temple sur le temple. La ruine est peinte et nommée, c'est la
quatrième étape, la ruine est étanche, étape trois, à l'eau, à l'air, au
voleur, la ruine alors se ferme, devient taudis. Ecrin. Et revenons au
papillon, la chrysalide est une exposition, volumes et supports et surfaces,
figures et sons. S'y retrouver. Ici, un texte demandé, ici vient le je.
Je vois la maison rouge, je doute
de sa teinte, j'entre et je visite, étage par étage, fouille au corps,
inspection, je dis qu'on peut tomber dans l'escalier et qu'ici, on pouvait voir
le nord, je lis la maison, les mots sont aux murs. Je dis qu'il faudra ajouter
un jour artificiel et qu'il serait bon de blanchir. La boîte blanche viendrait,
sanctuaire, dont une griffure involontaire aurait un sens volé, la chose par
mégarde laissée deviendrait art, mais cette mouche fait-elle un dripping ?
Allons, écartons cette confusion, revenons à l'objet, c'est-à-dire à l'idée.
Qu'il serait bon de nettoyer, de calmer les surfaces tapageuses, elles chantent
le jadis. Il faudra recouvrir, être à côté, donc faire face, ce n'est pas
Lascaux mais les âges d'habitation offrent leur trace et les ancêtres. Un
enfant joue ici. Ici, on boit du Clacquesin ou du Picon, ici on fait fosse
commune d'aisance, ici on dort, à côté on brasse, en dessous, le charbon, ça a
vécu. Je laisse les images déjà posées, je prends des
notes qui sont des images, j'oublie l'extérieur.
Tu te tiens ici, dans cette pose, oui, tu dévies, exactement ; et ton
sexe se...
Oh non...
Oh si !
Aujourd'hui s'ouvre à nouveau la
demeure, la résidence, la maison, le foyer, le gîte, un lieu ; ici, par
l'intérieur, par le papier, par la couleur, par les notes, par une invitation,
par notre vision et attention. De nouveaux papiers peints. Cette intervention
entre atelier et domesticité éclaire par les gestes ce lieu qui est renouvelé,
résolument retracé, ébloui d'une palette volontaire, on est intervenu. Au plus
haut sera le gardien, fabriqué pour tenir bon, en attente, être bon, debout
puisqu'il attend notre visite, presque muet. Nous passons et cet état de la
ruine passe dans cet interstice, c'est un mouvement, une peau neuve et fragile
qui sera ensuite recouverte et tout dormira un peu ; déjà le papillon de nuit
se déroule.
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