Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

mercredi 20 mai 2015

Texte pour une exposition à la Maison rouge




Un texte sur l'éphémère exposition à la Maison rouge de Saint Etienne - mars 2015

La ruine aspire

La ruine aspire à deux fondamentaux, l'archéologie et la restructuration ; en un mot, mémoire & devenir. Le devenir est incertain, inachevé. La mémoire est incertaine, malléable comme une vérité. La ruine s'accordera de mensonges et d'oublis, de pirouettes et de spectacle ; ce prix pour une nouvelle fonction. La ruine passera par des étapes, des maquillages, des peaux éphémères, c'est l'effet papillon. Un cocon, la peau grattée de l'intérieur, des transparences pour des visites, des portes.

L'espace se porte bien.

La ruine s'est renforcée, c'est la deuxième étape, elle doit rester en place et c'est la première étape, on bâtit le temple sur le temple. La ruine est peinte et nommée, c'est la quatrième étape, la ruine est étanche, étape trois, à l'eau, à l'air, au voleur, la ruine alors se ferme, devient taudis. Ecrin. Et revenons au papillon, la chrysalide est une exposition, volumes et supports et surfaces, figures et sons. S'y retrouver. Ici, un texte demandé, ici vient le je.

Je vois la maison rouge, je doute de sa teinte, j'entre et je visite, étage par étage, fouille au corps, inspection, je dis qu'on peut tomber dans l'escalier et qu'ici, on pouvait voir le nord, je lis la maison, les mots sont aux murs. Je dis qu'il faudra ajouter un jour artificiel et qu'il serait bon de blanchir. La boîte blanche viendrait, sanctuaire, dont une griffure involontaire aurait un sens volé, la chose par mégarde laissée deviendrait art, mais cette mouche fait-elle un dripping ? Allons, écartons cette confusion, revenons à l'objet, c'est-à-dire à l'idée. Qu'il serait bon de nettoyer, de calmer les surfaces tapageuses, elles chantent le jadis. Il faudra recouvrir, être à côté, donc faire face, ce n'est pas Lascaux mais les âges d'habitation offrent leur trace et les ancêtres. Un enfant joue ici. Ici, on boit du Clacquesin ou du Picon, ici on fait fosse commune d'aisance, ici on dort, à côté on brasse, en dessous, le charbon, ça a vécu. Je laisse les images déjà posées, je prends des notes qui sont des images, j'oublie l'extérieur.

Tu te tiens ici, dans cette pose, oui, tu dévies, exactement ; et ton sexe se...
Oh non...
Oh si !

Aujourd'hui s'ouvre à nouveau la demeure, la résidence, la maison, le foyer, le gîte, un lieu ; ici, par l'intérieur, par le papier, par la couleur, par les notes, par une invitation, par notre vision et attention. De nouveaux papiers peints. Cette intervention entre atelier et domesticité éclaire par les gestes ce lieu qui est renouvelé, résolument retracé, ébloui d'une palette volontaire, on est intervenu. Au plus haut sera le gardien, fabriqué pour tenir bon, en attente, être bon, debout puisqu'il attend notre visite, presque muet. Nous passons et cet état de la ruine passe dans cet interstice, c'est un mouvement, une peau neuve et fragile qui sera ensuite recouverte et tout dormira un peu ; déjà le papillon de nuit se déroule.

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