Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

mardi 23 avril 2024

Navires des guerres - 08

 

Pour aller loin, il faut voir loin. Pourtant, le scrupule en chaussure ou la branche à niveau de tête sont tout près et immanquablement gêneront le parcours, il faut aussi voir ce qui est proche, au fur et à mesure du loin espéré. Tailler la route, en prévoir le tracé et le lire, accepter les ornières, les virages, les possibles demi-tours qu'évoque désormais le GPS. Très loin paraît immobile et même les étoiles bougent, ou est-ce nous qui bougeons ?

Villefranche-sur-Mer - La rade et l'escadre



dimanche 21 avril 2024

Navires des guerres - 07

 

Tout accepter sans trop y regarder, puisque tous nous regardons dans cette direction avec la joie du plaisir et l'innocence de l'insouciance. C'est le pompon ! C'est fermer les yeux grands ouverts et rester sourd aux silences. Un multiple "oui" cache quelques "non" écartés, voici la fierté de l'orgueil.

Marine nationale - Navires de ligne "Le Richelieu" et Jean-Bart"

samedi 20 avril 2024

Navires des guerres - 06

 

Goliath est percé par David, nous l'avons appris. Nous avons oublié les circonstances et restons sur le lancer de la pierre. Un grain de sable perçant la muraille, un coup de dé cassant tous les hasards. Et chacun se trimbalant alors avec sa fronde imaginaire et croyant qu'il saura s'en servir. Mille géants derrière Goliath et nos frondes sont vides de pierres, les géants nous ont offert des balles en caoutchouc.

Toulon - "Le Jean Bart"

 

 

 

vendredi 19 avril 2024

Navires des guerres - 05

 

Frontières visibles, certains traversent, d'autres s'y cognent ou s'y noient ou s'y perdent ou, en équilibre, y attendent. Y vivent, en meurent. Frontières invisibles, "dimensions cachées", on reste fixe, on tente de s'approcher, on doit sentir le trop près et ne pas aller au-delà. Au-delà serait l'enfer. Au-delà s'inscrit l'interdit en transparence des tabous, des habitudes, des protections et des pouvoirs. Sauter, passer en dessous, par la montgolfière et le tunnel des imaginations ou des possibilités, on tente l'évasion.

Toulon - Croiseur "Le Richelieu" dans le port




Navires des guerres - 04

 

On peut faire croire qu'on s'en va. S'en viennent les pleurs ou les applaudissements, regrets ou soulagements, on part. La mort est de même facture, on dit souvent "Il est parti" pour "Il est mort". "Elle est partie" pour "Elle meurt". Là s'enclenchent les sentiments et les paroles et quand on dit qu'on a perdu quelqu'un, ce n'est pas comme quand on perd quelque chose. On ne retrouvera plus quelqu'un, même si on range tout, même si on fouille là où on n'irait pas. Laissons s'éloigner quelqu'un. Les objets inanimés, eux, restent, même cachés ou camouflés.

Le cuirassé "Masséna"

mercredi 17 avril 2024

Navires des guerres - 03

 

Ce qui ne doit pas disparaître est pris dans un flot d'images et de récits, ce qui disparaîtra ainsi est reproduit. C'est une illusion ou c'est une copie, c'est un passage entre la vérité et une vérité. Pour aller ailleurs, autrement, en d'autres rives et dans les temps différents. Par le verbe, par la lumière, par des matières similaires ou en récupérant ce qui peut l'être. Se prolonger, la demande de chaque instant, le rêve de chaque espoir.

"Le Richelieu" - Maquette au 1/100e

Navires des guerres - 02

 

Le calme attise les mouvements. L'attente est feinte et déjà la peau se trouble et frémissent les muscles et la voix déjà a trouvé des cris qu'un premier souffle jettera. Nous nous méfions du calme qui ne sait qu'être éphémère. Et le savourons comme nous saurons savourer un dernier repas venu d'un jardin qui aura disparu. Quoi, tout s'arrêterait un jour ? Non, tout avance et l'usure y travaille.

"Le Richelieu" - Bâtiment de Ligne