Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

lundi 29 mai 2017

La Grande der - 58


Les ponts

Les ponts que je traverse me mènent par le bout du nez. Ils savent ma crainte de l'eau et s'amusent à prendre une élasticité que je leur refuse. Ils  tangent comme on navigue, ils prennent de la gîte au moindre vent, au moindre murmure, à la mesure de mes pas ensorcelés. Suis-je si lourd que mon poids les perturbe ? J'avais aimé le Pont Neuf habillé d'or qui ne se montrait plus et qui se tenait de pierre pour se prouver une solidité éphémèrement perdue. Ce pont alors n'en menait pas large. La passerelle sur le Rhône s'amuse de mes ivresses, le pont d'Avignon me voit arriver et partir du même endroit, celui des Soupirs m'aurait fait vider ce que je contenais d'exotisme consommé, d'autres ailleurs attendent mon retour en vain, j'ai pris tunnels et téléphériques autant qu'ils m'étaient offerts, de Porto à Berlin, d'une rivière à toute Manche. S'il n'y avait rien de l'autre côté, je refuserais les ponts.


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