Rue centrale
La rue
artérielle a découpé la campagne et forme la cicatrice humaine, sans adresse,
sans hésitation, dans un sens et dans l'autre et va sûrement à Paris, va
probablement à la mer, à l'océan. La voici traversant les siècles et les
enseignes et prise par les chausses et les fers et les pneus, s'use et s'affirme.
Matin elle se réveille et soir s'abat en laissant la fée électrique assurer la
trace. Elle ne dort pas, cette rue, elle vit les heures, se prolonge,
ambitieuse, elle voit les passages. Elle en a vu, des histoires, des accidents et rencontres. La rue se poursuit s'étale et
s'alanguit, attend les fêtes et les drames, carnavals et soldes et défilés. Et
si ça s'écroule ici, retrouvera sa linéarité.
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