Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

samedi 17 mars 2018

Texte pour Hélène Chambert



  Tout en tout
Texte pour Hélène Chambert

12-14ma2018rs


En tous sens tordue, la matière de la nature se fait expression, se regarde, bavarde. En tous sens utilisée, la nature se fait matière à mots, matière à révélations, ne disons pas tout encore. En tous sens écrasée ou plissée, en ces sens aplatie, la matière est ronde et plate, comme la Terre qu'elle est donc.

En tout sans y penser, en tout sans le vouloir ou presque, en faisant. Ici, une image. La voici qui se montre. Qu'a-t-on fait ? Pris un fluide et posé là, par élans, qu'il sèche alors. L'observation est la deuxième occupation.

Chez soi touchant le plat du quotidien, couchant les vagues et nuages et leurs sols sur toile ou papier, qu'on s'y tienne penché, reconnu, qu'on y pense ou sur un coin de table ronde. On se redressera, on redresse l'objet. C'est vertical alors, une image. Le livre rend les images horizontales. Les murs en font des projections.

Prestement prendre le temps, les inattendus patientent peu. Et toujours faire, par une nécessité sans obligations : c'est tout le temps mais quand je veux. Faire, ce sera montrer. Un accrochage, c'est dresser un plan. C'est aussi l'incident, la dispute, la confrontation, des réparations. C'est le spectacle des intimités.

Tout fait à l'intérieur et pris à l'extérieur, toujours ça de pris. Tout ce tout pour des petits riens, ces plats qui font des espaces, ces pleins qui se font du vide et nous entraînent aux regards, aux reconnaissances allusives, je vois la fleur, je vois la bête, je vois l'humain qui s'en vont fixement, quand à l'origine l'action des mains n'était que gestes de matières de la nature, oui, bavarde. Je peux ne rien reconnaître ou seulement mes intimes reconnaissances, ma propre fabrication d'images par le biais de celles proposées.

En tous sens perdues, les matières cherchent la parole et l'écoute et veulent qu'on les touche, qu'on les sente. On mangerait de cette encre si elle disait son nom, on chanterait tout ce tout pour un rien de silence. On entendrait les couleurs si le vent se voyait.



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