Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

mercredi 20 mai 2015

Texte pour Patricia Dubien


En faisant attendre Godot
novembre 2004

Les ombres passent encore trop vite ou se feraient attendre, l’espace est ici multiplié qui attend ma compréhension et voici déjà le « comment c’est fait ? ». Car je n’ose pas prononcer le « comment ça marche ? », j’attends toujours d’une photographie qu’elle ait imprimé un lieu et pas un instant, une réalité et pas l’esquisse d’un imaginaire, l’image d’un souvenir mais pas son émotion, suis-je beaucoup trop figuratif ? Ou fainéant. Et devons-nous toujours, par une ancienne condamnation, chercher dans l’icône ce qu’on connaît déjà ou ce qu’on peut voir ailleurs ? La reconnaissance, ceci est un arbre, ceci est vraiment une pomme, ici est la mer, ici est le paysage, à côté de ce paysage est le même paysage à une heure différente, allons bon, ceci est en hiver ou ailleurs, regarde, oh, un nuage, un décor de western au format des serpents, le vent est passé par ici comme le furet passe dans la chanson mais on en parle sans l’avoir vu, la peinture serait l’image habitable et de préférence habitée, souvenir ancien de ma découverte du Louvre et de ses filles peintes ( nues, j’aime qu’on me raconte une histoire ), la peinture et son lent travail et j’ai de la reconnaissance pour les images de Patricia Dubien, devant elles je me raconte les histoires cherchées, j’y fais les voyages sans la peur de me perdre et je les habite et je m’y habitue, je me trouble à m’y chercher, comme au fond de la caverne je voudrais chercher d’abord mon reflet, orgueil, je dois encore réfléchir et reconnaître la vision et l’imaginaire étrangers. Je les reconnais : je les connais, je les revois. Insuffisant, je me mens, je ne suis pas assez dedans, je m’attends, je dois apprendre, je dois l’écouter, je dois parler d’elle.




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