Pour une
exposition de Flavie Cournil et Patrick Condouret
En secouant les poussières, on
trouvera la mémoire des montagnes et serrant ces poussières entre les mains, on
voudra reconstituer des montagnes. Juste des débuts de montagnes, des objets, des
essais de reconstitution. Prétention de bâtir.
Voici que surgit la forme.
Comme auront surgi la branche de ce tronc, le tronc de cette terre, la terre de
toute eau. La branche a ses fruits, le tronc a ses structures, la terre se fait
discrète ou muette et l'eau s'est absentée. Couleurs et matières vont tricher
et nous douterons des limites des formes, nous douterons des fragilités, du
pouvoir d'expansion des formes évoluées, ironiquement proposant des
architectures que l'humain va vouloir comprendre.
Ce qui pousse. Ce qui émerge.
Ce qui se rétracte. Envahissement ou retenue des objets qu'il faut prendre,
laisser, comme on prend une idée, comme on laisse vagabonder les ressemblances.
A quoi ceci aspire-t-il ? Au
phasme ? A l'envol, à être vu puis à la disparition. Les anges ont un
fonctionnement proche mais n'existent pas, s'en amusent. Les phasmes
indisciplinés et bavards se laissent attraper. Des jouets, on voudrait, des
constructions de notre jeunesse retrouvée mais ce n'est pas ça : défense de
toucher.
Un développement de l'espace
qui se laisse faire, il s'expose. Pour Flavie Cournil, au-delà du dedans du
mur, pour Patrick Condouret, au sol ou presque, posé, grimpant ou se
multipliant. De couleurs et de matières. Vraies couleurs pour fausses matières,
un vrai mensonge et sa fausse avération, pour un modelage fragile et pérenne s'affirmant,
se cachant.
Les articulations du phasme
n'ont qu'à bien se tenir, elles savent leur fragilité et que leur immobilité
est la survie. De même pour une forme, dès qu'elle est née, elle se tient, elle
attend.
Cueillons les phasmes, faisons-en du petit bois.
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