Mon écriture a trois petites têtes, la première prétend faire des histoires, le deuxième prend des images et les complète de mots, la troisième se juxtapose à des artistes. Les trois têtes n'ont pas de dents et portent un bonnet de laine en cette période.

dimanche 23 juin 2013

Texte pour l'Atelier du coin


Un texte pour une exposition à l’atelier du Coin – St Etienne - juin 2013

Dresser l’inventaire suppose que tout a été foutu par terre. Terrassé. Enterré. Il faut dresser tout ça, comme on dresse un chien. Mais les chiens on ne les cloue pas aux portes des granges comme les chardons, les chouettes et les sorcières dont on a peur. On les dresse pour qu’ils se dressent, on dresse un cheval pour monter dessus, un éléphant pour qu’il se trompe très haut, il y a de l’élévation dans l’air, de l’élévation de façade, il faut relever tout ça, en prendre note, prendre sur soi, compter sur soi pour retenir ce qu’il en reste. Inventer cet air de classement, c’est mettre à plat et prendre du recul puis rendre verticaux une table rase ou un pan d’histoire, prendre à nouveau du recul et contempler, savoir ce qui tient encore, ce qui tient debout après tout. Il y a du raton laveur dans ce foutoir, des puces dans ce déballage, quelques vers dans ces cadavres exhumés qui se mettront à danser (ce sont les vers qui font danser les cadavres, rappelons-le). Il y du rat aussi dans ces bibliothèques dont on se prend à retourner les couvertures, du bon rat qui a conservé les mémoires, qui a gardé les trésors, qui a rongé ce qui lui tombait sous la dent, c’est-à-dire sous les yeux. Finalement on fait un constat puisque tant d’incidents doivent être répertoriés et qu’il faut de l’assurance pour en extirper les propriétaires.


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