Un texte pour une exposition à l’atelier du Coin – St Etienne - juin 2013
Dresser l’inventaire suppose que tout a été foutu par terre. Terrassé.
Enterré. Il faut dresser tout ça, comme on dresse un chien. Mais les chiens on
ne les cloue pas aux portes des granges comme les chardons, les chouettes et
les sorcières dont on a peur. On les dresse pour qu’ils se dressent, on dresse
un cheval pour monter dessus, un éléphant pour qu’il se trompe très haut, il y
a de l’élévation dans l’air, de l’élévation de façade, il faut relever tout ça,
en prendre note, prendre sur soi, compter sur soi pour retenir ce qu’il en
reste. Inventer cet air de classement, c’est mettre à plat et prendre du recul
puis rendre verticaux une table rase ou un pan d’histoire, prendre à nouveau du
recul et contempler, savoir ce qui tient encore, ce qui tient debout après
tout. Il y a du raton laveur dans ce foutoir, des puces dans ce déballage,
quelques vers dans ces cadavres exhumés qui se mettront à danser (ce sont les
vers qui font danser les cadavres, rappelons-le). Il y du rat aussi dans ces
bibliothèques dont on se prend à retourner les couvertures, du bon rat qui a
conservé les mémoires, qui a gardé les trésors, qui a rongé ce qui lui tombait
sous la dent, c’est-à-dire sous les yeux. Finalement on fait un constat puisque
tant d’incidents doivent être répertoriés et qu’il faut de l’assurance pour en
extirper les propriétaires.
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